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clémentine beauvais - Page 2

  • Lettres de mon hélicoptêtre

    Lettres de mon hélicoptêtre

    un album de Clémentine Beauvais

    illustré par Anne Rouguette

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    "Mes chers parents chéris

    Je ne suis plus dans mon lit

    (comme vous avez pu vous en apercevoir)

    Voyez-vous hier soir tard

    Je m'ennuyais un peu beaucoup

    Passionnément à la folie,

    Donc j'ai démonté mon vélo

    Avec des tas d'outils

    Et je l'ai remonté à l'envers

    Pour en faire un hélicoptère.

    Enfin on va dire un hélico...ptêtre

    Et puis je suis partie par la fenêtre.

    Promis, je vous enverrai quelques lettres

    Allez bisous! Et à bientôt, peut-être"

    Un soir, une petite fille décide de démonter son vélo et de le transformer en hélico...ptêtre. L'occasion pour elle de s'envoler, en compagnie de son chat, à la découverte du monde.

    Pour raconter son périple, elle adresse à ses parents des missives de chaque pays qu'elle visite.

    Ainsi, nous la suivons d'Angleterre en Chine, d'Espagne à New York...

    Et, de chaque étape, à son insu, elle ramène des souvenirs pour le moins originaux.

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    La semaine dernière, je vous parlais avec beaucoup d'enthousiasme des Petites reines, le roman de Clémentine Beauvais. Un roman que, si on excepte la fin, j'avais adoré!

    Aussi, vous pouvez imaginer mon plaisir quand je me suis plongée dans cet album récemment paru chez Sarbacane.

    Là encore, un vélo va jouer un rôle très important dans l'intrigue.

    Un vélo, légèrement bricolé, pour voyager

    Un vélo pour se dépasser

    Un vélo pour s'ouvrir au monde

    En effet, après l'avoir changé en hélico...ptêtre, la petite héroïne s'en sert pour survoler de nombreux Etats.

    De coup de pédale en coup de pédale, se présentent ainsi à chaque page des instantanés de tous les endroits découverts.

    Des lettres toujours drôles et qui permettent aux plus jeunes de se familiariser avec certains aspects de la culture mondiale.

    Aux mots emplis d'humour de Clémentine Beauvais se superposent les crayonnés d'Anne Rouguette. J'ai trouvé très pertinent ce choix de technique. Elle confère du mouvement, du dynamisme, ce qui convient parfaitement à cette atmosphère de voyage. De même, elle permet de mieux saisir les expressions des visages. Quant aux couleurs vives retenues, elles renforcent cette tonalité joyeuse présente tout au long de l'histoire

    Bref, vous l'aurez compris: voici un album gai, ludique dont la lecture se révèle distrayante.

    Sarbacane, 2015

    Merci à Babelio et à Sarbacane pour cet envoi!

     

     

     

  • Les Petites reines de Clémentine Beauvais

    Les Petites reines

    de

    Clémentine Beauvais

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    "Ça y est, les résultats sont tombés sur Facebook: je suis Boudin de Bronze.

    Perplexité. Après deux ans à être élue Boudin d'Or, moi qui me croyais indéboulonnable, j'avais tort.

    J'ai regardé qui a remporté le titre suprême. C'est une nouvelle, en seconde B; je ne la connais pas. Elle s'appelle Astrid Blomvall. Elle a des cheveux blonds, beaucoup de boutons, elle louche tellement qu'une seule moitié de sa pupille gauche est visible, le reste se cache en permanence dans la paupière. On comprend tout à fait le choix du jury.

    Le Boudin d'Argent a été décerné à une petite de cinquième, Hakima Idriss. C'est vrai qu'elle est bien laide aussi, avec sa moustache noire et son triple menton; on dirait un brochet."

    Avez-vous déjà entendu parler des Boudins? Ce sont les récompenses décernées chaque année au collège-lycée Marie Darrieussecq à Bourg-en-Bresse aux filles qui ont le plus brillé par leur laideur.

    Et, pour la première fois, la narratrice Mireille Laplanche n'a pas obtenu le titre. Elle a même rétrogradé en troisième place.

    Ce qu'elle n'avait pas prévu non plus, c'est que le palmarès lui donnerait l'occasion de se rapprocher des autres gagnantes.

    Bien vite, ces trois cibles des moqueries se retrouvent en plein de choses, notamment dans leur envie de "gate crasher" la garden-party du 14 juillet.

    Chacune a ses raisons: Mireille souhaite enfin faire la connaissance de son père biologique, le mari de "Barack Obamette", la Présidente de la République; Astrid désire assister au concert d'Indochine, son groupe préféré, et Hakima veut confronter l'ancien commandant de son frère sur une opération militaire catastrophe.

    Mais comment faire pour rejoindre la capitale? Et si ces trois "boudins" enfourchaient leurs bicyclettes et se transformaient en "petites reines" de la route?

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    J'avais déjà eu le plaisir de découvrir le talent de Clémentine Beauvais avec Comme des images et j'avais donc hâte de retrouver sa plume.

    Les Petites reines constituent un roman qui détonne dans la production actuelle. Dès les premiers pages et le début du monologue de Mireille Laplanche, notre narratrice pour toute l'aventure, on a la sensation de plonger dans une histoire pas banale. De celles qui se démarquent de toutes les autres qu'on a déjà pu rencontrer.

    Une histoire qui brasse une multitude de thématiques: difficulté à accepter son corps, moqueries des autres, recherche du père, solidarité, blessure de guerre, traumatisme d'être un survivant...

    Autant dire qu'avec de tels sujets, on aurait pu assister à une intrigue pleine de pathos. Mais il n'en est vraiment rien. Au contraire, tout l'ouvrage est placé sous le signe de l'humour.

    L'humour pour parler de ce qui est grave

    L'humour pour s'opposer à la méchanceté

    L'humour comme arme contre le regard des autres

    L'humour comme lien social...

    On rit donc souvent, au fil de cette épopée pas comme les autres.

    Après avoir bataillé contre leurs parents, les trois boudins obtiennent gain de cause et s'embarquent pour un voyage à vélo entre Bourg-en-Bresse et Paris. Un voyage pendant lequel (summum de l'autodérision), elles vont vendre des boudins noirs, blancs et...végétariens...

    A chaque étape, son lot de surprises, son contingent de nouveaux fans,....De belles rencontres qui contribuent à l'apprentissage de ces trois jeunes filles courageuses et leur donnent encore plus la force de s'assumer.

    Difficile de lâcher ce livre, une fois entamé, tant l'intrigue surprend, tant les dialogues ou les considérations de Mireille font mouche et tant on s'attache aux personnages!

    Cependant, je dois avouer que j'ai été un peu déçue par la conclusion de cette odyssée. J'ai trouvé que tout se résolvait de manière peut-être trop simple pour ces Cendrillons d'un jour et pour le beau Soleil, Kader, le frère d'Hakima. Je m'attendais notamment à autre chose concernant la confrontation entre Mireille et Klaus, son philosophe de père.

    Bref, vous l'aurez compris: malgré ce léger bémol, cet ouvrage se révèle une vraie petite pépite. On rit, on réfléchit et on quitte à regret ces trois battantes.

    Éditions Sarbacane, 2015, 270 pages

     

  • Comme des images

    Comme des images

    de

    Clémentine Beauvais

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    "Il y a un corps dans la cour du lycée Henri-IV."

    Au bout d'une journée pas comme les autres, un corps se fracasse dans la cour du Cloître du lycée Henri-IV.

    "Je contemple ce corps, d'abord, avec l'intérêt poli que l'on réserve aux statues excentriques des artistes contemporains, car il faut du temps pour que la vérité chemine jusqu'à moi à travers cette installation spectaculaire [...]

    A présent, j'attends, en pensant à ce qui s'est passé ce jour-ci et tous ceux d'avant."

    Ainsi, notre narratrice (anonyme, jamais son prénom n'est mentionné en 200 pages) revient sur les évènements qui ont conduit à cette chute fatale.

    Tout a commencé quand Leopoldine Gauthier a rompu avec Tim pour se mettre en couple avec Aurélien. Tristesse du rejeté et forcément, volonté de se venger. Ou du moins, lors d'une soirée trop alcoolisée avec ses amis, de montrer son ex dans une position indécente.

    Et un matin, à huit heures, tout le lycée (parents et professeurs compris) se voit adresser par mail ladite vidéo.

    Rires/Dégoût/Rejet/Gêne/Moqueries/Soutien: autant de réactions qui secouent ce microcosme parisien et qui vont avoir des répercussions dramatiques.

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    J'avais entendu parler de ce roman sur le blog de mon amie Loucy et j'avais envie de le lire depuis. Aussi, quand il est arrivé à la médiathèque, je me suis lancée.

    Dès les premières pages, on se sent étouffé dans ce lycée d'élite, enfermé dans une de ses nombreuses cours à côté d'un cadavre. Comme si finalement cet établissement-Hache quatre-avait réussi à broyer un de ses membres.

    "alors je me prenais à imaginer une sorte de rite initiatique terrifiant conduit dans l'ombre de la montagne Sainte- Geneviève. sous le visage acariâtre de la tour Clovis. Il y avait des épreuves de gladiateurs où on devait dompter des monstres et leur couper la tête avec cette fameuse "Hache quatre 100% de réussite" dont on entendait parler."

    Bien entendu, il est question de réussite scolaire et de pression pour passer dans la bonne section en 1ère. Chaque devoir est un enjeu. Chaque note est disséquée et tous redoutent le moindre faux pas. Aucune erreur n'est tolérée et chacun sait qu'il joue sa future position sociale.

    Mais cette idée, finalement, même si elle est plusieurs fois développée, m'a moins frappée que la méditation sur l'âge adolescent. Comme dans une Cour, chacun occupe un rang, de la reine aux courtisans. On jette les amis comme des kleenex, on se jauge...Et on tente de préserver sa place.

    C'est ce que la confession de la narratrice met clairement à jour. On sent toute sa fascination pour sa Leo, son amie depuis la sixième, si belle, si intelligente, auréolée de toutes les qualités. Et si la publication de cette vidéo faisait descendre de son trône cette reine?

    Elle dispose d'une journée. Une journée pour garder la tête haute et affronter tous les lazzis.

    "Je me suis plu à imaginer Leopoldine comme leur petit chaperon rouge, et moi en bûcheron qui les attaquerait à la Hache quatre pour la sortir fraîche et ensanglantée et souriante de leurs entrailles. Sauf qu'elle n'avait pas besoin de moi: elle n'a pas pris de petit chemin alternatif, elle a marché droit devant eux avec son hochement de tête et son recoiffage rapide. Ils ont tous baissé la tête vers l'asphalte, comme balayés par le coup de fouet de ses cheveux."

    Guerre de classe, guerre de position, guerres familiales...Et si l'adolescence se faisait encore plus cruelle à Hache-quatre?

    A ces sujets forts se superpose un autre, qui depuis la parution de photos volées de stars dans le plus simple appareil en septembre, revêt une résonance encore plus particulière. J'ai parlé bien entendu de l'atteinte à l'intégrité du corps de la femme. Et de la multitude de réactions que provoque une diffusion de tels clichés et/ou films? Du "sale pute" au "je te soutiens", toute une gamme de comportements est évoquée lors de cette journée pas comme les autres. Et bien entendu, se dessinent en filigrane le sexisme et l'inégalité encore existante entre les hommes et les femmes dans leur rapport à la nudité et au sexe.

    J'ai beaucoup apprécié toutes ces réflexions et ce portrait au vitriol de la jeunesse privilégiée dans ce lycée d'élite.

    Mais, ce qui m'a gênée, c'est le style. Certes, les phrases brutes, sans fioritures, font forte impression et s'adaptent à la violence du sujet traité. Cependant, certaines tournures m'ont trop heurtée.

    Bref, vous l'aurez compris: un ouvrage qui ne peut laisser indifférent et qui nous interroge profondément.

    Editions Sarbacane, 2014, 204 pages